Journée d’études Alternatim (2 – La relecture, une appropriation discrète – 15 décembre 2023

François Hemsterhuis affirme dans ses Dialogues que l’« âme juge le plus beau ce dont elle peut se faire une idée dans le minimum de temps possible ». Est-ce vrai ou le charme d’une œuvre – mêlant le plaisir à la beauté – réside-t-il plutôt dans la promesse et dans le désir d’un retour ?
Il est possible de définir la bande dessinée, entre autres, par ses modalités de production et par son ancrage dans le support imprimé. Celui-ci, dans sa forme livresque, provoque un rapport particulier au temps : d’une part, les images ne glissent pas en disparaissant, les feuilles s’empilent, le papier combat l’amnésie ; d’autre part, les planches deviennent un espace dont le rythme est suggéré mais reste modulable, soumis aux envies et aux besoins des lecteurs.Il serait dommage alors d’en réduire l’expérience esthétique à une économie de gestes qui consomment. Mais qu’est-ce qu’implique la relecture d’une bande-dessinée ? Revenir sur des séquences mémorables ? S’aventurer dans des recoins oubliés ? Découvrir des références ? Abandonner la cadence imposée du récit pour ainsi circuler dans les planches à sa guise ?Cette journée d’études tentera de montrer comment ce geste se décline selon la posture de son auteur.

Dans un premier temps, un chercheur introduira ces questions en fournissant les repères pour la suite de la discussions ; puis on écoutera deux doctorantes en recherche et création, pour voir de quelle façon cet acte se configure et prend sens pour des figures à double casquette ; ensuite, deux critiques-éditeurs proposeront la lecture d’une planche de leur choix, en puisant tant dans la production contemporaine que dans les classiques franco-belges ; la table ronde finale se présentera sous la forme d’un jeu de relectures, afin de montrer le caractère stimulant et dynamique de ce geste à la fois émotif et intellectuel.

(Illustration d’Olivier Josso Hamel tirée de l’album Au travail 2l’Association, 2017)